Autopsie et déduction [=> SS3207 Mai 16 <=]

Sapphire laissa un soupir compatissant s’échapper de ses lèvres devant les dernières réflexions de la capitaine de la Division Interne. Son état l’inquiétait quelque peu car elle était capable du meilleur comme du pire. Hors, en ce moment, c’était plutôt du côté du pire que la balance penchait fortement. A croire que, cette fois-ci, les hautes instances de la Soul Society avaient vraiment fini par faire déborder le vase.

Pour l’instant, ils ne risquaient pas grand-chose mais si la coupe venait à trop déborder…

*C’est mauvais….*

Il allait vite falloir trouver une solution à ce problème car il n’avait nullement envie de se retrouver avec un Serial Killer psycho et schyzo sur les bras. Surtout que si un tel événement venait à se produire maintenant, ça serait quasi l’arrêt de mort de la Cité des âmes ; déjà que le peu de dirigeants restant n’étaient pas d’une grande motivation... Il allait devoir en parler avec le super vivi (=> Kiyoshi) quand il lui mettrait un jour la main dessus. Mais en attendant…

L’ex Général porta son regard dans la direction des vizards à la recherche de tout mouvement de reitatsu de leur part ; assez curieux de savoir ce que donnerait ce face-à-face tant attendu. Ajira Hideaki finirait-il embroché ou scalpé ? Où bien dans un acte de générosité débordant, la chef Kuchiki lui laisserait la vie sauve ?

Bon, d’accord, la dernière option ne paraissait guère probable au vue de la mauvaise humeur et mauvaise fois dont celle-ci semblait vouloir faire preuve. Il ne restait plus donc qu’au vizard qu’à se pointer avant le temps imparti, sous peine de quoi, la morgue hériterait d’un cadavre supplémentaire.

Lorsque Rie arriva près des shinigamis, il nota que les deux jeunes femmes (Rie ne sait toujours pas que Sapphire est un homme) terminait une discussion juste à ce moment-là. Poliment, il leur fit un signe discret avant de les rejoindre.

« Préférez-vous que nous vous attendions un peu plus loin ? Nous ne voudrions pas interrompre votre discussion ».

Rie avait toujours su se montrer très poli car quand il était petit, il avait très vite compris que se montrer poli ça évitait beaucoup d’ennui. Surtout lorsque vous étiez un petit enfant sans défense. Enfin du moins censé l’être. Tout étant une question de point de vue bien sûr.

En tout cas, Rie était impressionné par la petite amie d’Ajira (il avait rien d’autre à faire que de la détailler en attendant une réponse). Elle avait des cheveux aussi noirs que lui les avait blond et portait des vêtements assez sombre comparé au vizard. D’ailleurs, est-ce qu’elle ne mourrait pas de chaud là dedans ? Il lui semblait très épais et tout et tout.

Restait qu’il la trouvait aussi jolie que la demoiselle qui était à côté d’elle. C’était juste deux styles radicalement différent. Mais il en fallait pour tous les goûts non ? Et puis si Ajira l’avait choisi, c’était certainement pour une bonne raison, n’est-ce pas ?

Une fois la réponse positive reçu, Rie se décida de ne pas perdre de temps et avec un manque de tac (nan, c’est à peine pas fait exprès), le capitaine lança le sujet en s’adressant directement à Sapphire.

« Cela peut vous paraître un peu direct et osé de ma part mais j’ai un besoin urgent de me rendre au secteur 13 et Ajira veut m’y accompagner mais devrait d’abord régler un petit différent avec sa petite amie qui est également votre garde du corps. Comme cela risque de prendre du temps, j’aimerai vous emprunter cette jeune femme, histoire qu’ils règlent leur histoire en cours de route une fois pour toute. Bien entendu, nous nous ferons un plaisir de vous escorter tout d’abord jusqu’à votre demeure et je peux faire mander quelques uns de mes hommes afin d’assurer votre sécurité jusqu’à notre retour ».

Assez content de lui, Rie attendit patiemment à présent les réactions de chacun.

La seule chose sensée – tout étant une question de relativité bien sûr – qui traversait en cet instant l’esprit de la capitaine de la Division des Opérations Internes consistait à savoir lequel des deux vizards elle allait décapiter en premier quoiqu’une partie d’elle-même était assez tentée par leur donner une mort lente et douloureuse…

Et ce n’était certes pas les derniers propos d’Ajira qui allaient calmer son esprit, ou ne peut plus agacé par la situation générale à laquelle elle se trouvait mêlée. Peut-être devrait-elle également ajouter Sapphire à sa longue liste de personne à se débarrasser dès qu’elle en aurait l’occasion ?

Mais le moment, Sei avait d’autres chats à fouetter, comme par exemple régler ses comptes avec un certain blondinet.

« Et je peux savoir quelle partie au juste je suis censée oublier ? »

Le ton était on ne peut plus glacial, tout à l’image de ses prunelles. D’ailleurs si un simple regard suffisait pour tuer, il ne faisait aucun doute qu’aucune des personnes présentes y auraient réchappé. Bref, Sei Kuchiki était vraiment de mauvaise humeur et ne faisait maintenant plus aucun effort pour le cacher – si un tant soit peu elle le faisait avant – ce qui n’annonçait vraiment rien de bon pour le futur.

Comme si elle avait le temps de faire du babysitting avec un vizard ! Pensaient-ils vraiment qu’elle n’avait rien d’autre à faire ? Déjà qu’elle devait s’occuper des cadavres traînant dans la Soul Society – note à elle-même de zigouiller la débile en charge de la Division Scientifique – mais si elle plus elle devait s’occuper des autres races….

Trop s’en était trop, c’est pour cette raison que…

« Tu as 2 secondes pour me trouver une raison qui m’empêcherait de te zigouiller toi et le mioche ».

Instinct de survit oblige, la première chose que fit le Te’Hei fut de poser sa main sur le pommeau du zanpakuto de la capitaine. Pas qu’il craignait pour sa vie (quoique) mais l’envie d’être mêlé à un accident diplomatique ne le tentait pas plus que ça. Surtout que, dans le cas présent, cela risquait fort de tourner à la vendetta.

Se devait-il de calmer le jeu ? La logique voudrait que oui mais, une fois encore, une petite voix lui soufflait que cela ne serait pas une sage idée. Le but était d’éviter une série de représailles, pas de finir sous un cerisier.

D’ailleurs, maintenant qu’il y pensait, les cerisiers des Kuchiki avaient fortement tendance à tirer sur le rouge vif ces derniers… Bref, au mieux, il allait tenter de tempérer le caractère impétueux de la capitaine. Histoire que l’on ne vienne pas dire après qu’il n’avait rien fait.

« Sei, je doute fort que 2 secondes soit suffisant pour te contenter. Pourquoi ne lui laisserais-tu pas 30 secondes ? »

N’attendant pas la réponse de la principale intéressée, Sapphire porta un instant son regard sur la silhouette d’Ajira pour lui signifier que la balle était dans son camp à présent avant de s’attarder sur la silhouette de Rie.

Ce dernier avait-il comprit que Sei était la capitaine de la Division Interne ? C’est vrai qu’il l’avait présenté comme étant son garde du corps donc, du coup, les propos de cette dernière devaient lui paraitre totalement déplacés.

Quant à Sei, présentation ou pas, elle aurait pu être présente devant le roi que cela n’aurait en rien changé son comportement. Le Te’hei soupira. Il y a des jours où il se demandait vraiment pourquoi il l’avait choisi ou tout simplement si ce n’était pas pour cela qu’il l’avait choisi.

Toujours était-il qu’il ne pouvait à présent pas faire grand-chose (sous entendu « sans se mettre le clan Kuchiki à dos ») de plus. Tout allait à présent dépendre de la réaction des vizards…

En attendant ces paroles, la réaction de la principale intéressée ne se fit pas attendre : une lueur de colère qu’on ne lui avait plus connue depuis des siècles fit son apparition dans son regard tandis que sa voix résonnait d’une manière glaciale.

« Je vois qu’en devenant vizard, ta mémoire est devenue courte. Dois-je te rappeler ce qui est arrivé la dernière fois que j’ai eu le malheur de t’écouter ? »

Ce n’était pas une question ; juste un fait que Sei mettait au blond le défit de contester. La capitaine avait compris depuis longtemps que, faire confiance aux gens, n’apportaient en général rien de bon. Preuve en était avec Ajira. Il lui avait demandé de le croire et résultat des courses, à peine avait-elle eu le dos tourné qu’il était parti voir ailleurs. Comment une personne était-elle censée le prendre ?

Sei, elle, l’avait assez mal digéré. Mais le point positif, c’est qu’elle n’avait pas eu à s’interroger sur un autre sujet qu’ils avaient abordé en ce temps là. Il lui avait bien mentit sur ses intentions, alors pourquoi pas sur ça aussi ?

Et puis même si elle décidait éventuellement d’essayer (…) d’oublier le passé – chose totalement impensable déjà mais enfin soit, essayons d’imaginer la probabilité que ce soit éventuellement possible dans un instant d’immense bonté incommensurable – il lui était impossible de passer outre le fait que le blond venait de quasi lui ordonner de le suivre bien gentiment et sans faire scandale !

*… Sapphire ou pas, cette fois-ci, je vais commettre un meurtre…*

Et comme pour joindre le geste à la pensée, la jeune femme dégaina son zanpakuto de façon à ce que la lame de ce dernier ne se trouve à quelques millimètres à peine de la gorge d’Ajira, blessant légèrement la main du Te’hei au passage (Il avait pas besoin d’avoir ses pattes-là).

« Je crains qu’il ne me soit impossible d’accéder favorablement à ta requête. Ton capitaine va donc devoir continuer sa route tout seul. Tu m’en vois vraiment désolée ».

Désolé, elle ne l’était pas le moins du monde et cela se voyait clairement sur son visage. D’ailleurs il ne suffirait que d’une seule parole malheureuse supplémentaire pour que le sol se trouvant devant eux ne prenne une jolie couleur carmine.

Comme Ajira l’avait lui-même signalé, Sei était exactement le genre de personne à se moquer des traités ou encore des implications de ses actes sur le futur. De toute façon, la Soul Society était quasi au plus mal en ce moment et les différentes races semblaient être dirigées par une bande d’incompétents ne cherchant qu’à se mettre des bâtons dans les roues de l’un et de l’autre. Si ça se trouve, elle n’aurait même pas besoin de justifier son geste devant le conseil (pour changer). Etre Kuchiki avait quand même certains avantages.

Mais le problème n’était pas là. Il était totalement hors de questions qu’elle le laisse s’échapper une nouvelle fois sous un prétexte bidon ! L’avenir de la planète aurait pu en être en jeu que cela ne lui aurait fait ni chaud ni froid. Elle l’avait sous la main et comptait bien le garder… jusqu’à mort s’en suive s’il le fallait !

« Une objection peut-être ? »

Une remarque ironique ou une mise à défit peut-être. Nul ne pouvait dire ce qui se passait dans son esprit. Cependant, il ne faisait aucun doute que ses intentions étaient très loin d’être amicale…